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pas encore pondu.
D'ailleurs, le maître était absent pour les affaires de la maison. Henri refoulait en Picardie M. de Mayenne,
lutteur découragé. Quant au roi, tout l'encourageait. Partout Dieu lui faisait sentir sa protection: chacun de ses
souhaits s'accomplissait à peine formé. Un fils venait de lui naître de Mme de Liancourt, et cet enfant, né au
milieu des victoires, allait être baptisé à Notre-Dame aussitôt que le roi serait de retour.
Cette nouvelle, promptement répandue partout, n'était pas accueillie sans commentaires, et, pour quiconque
connaît l'esprit français, il est aisé de comprendre qu'elle préoccupait beaucoup plus les peuples que le froid, la
disette et la guerre.
Nous ne saurions dire si tel était le sujet de conversation qu'avaient choisi deux bizarres personnages qui
s'acheminaient, en décembre, vers les portes de Melun. Tous deux à cheval, enveloppés, ou pour mieux dire
ensevelis dans de vastes manteaux rayés semblables au burnous arabe, ils allaient côte à côte, dans la neige,
alternant, non pas des distiques de Théocrite ou de Virgile, mais de belles et bonnes imprécations italiennes,
qui, basse-taille et soprano aigu, eussent fait fuir tous les loups de France.
La basse-taille s'exhalait des cavernes d'une large et puissante poitrine. Le cheval était petit, mais le cavalier
superbe, rien qu'à en juger par l'oeil noir et la barbe de jais que les plis du manteau ne dérobaient pas toujours
au vent glacé.
Le soprano était une petite femme au regard tantôt mélancolique, tantôt brûlant comme un éclair. Elle
grelottait sur sa mule, ne songeant qu'à se garantir de la bise, et interpellant avec fureur tantôt son compagnon,
tantôt la route glissante, tantôt cet abominable pays de France où il gèle, tantôt ces odieuses portes de Melun
qui n'arrivaient pas.
Cependant on y arriva enfin à ces portes.
La route, il faut le dire, était moins déserte à l'approche de la ville. Quelques voyageurs dépassèrent les deux
Italiens, d'autres demeurèrent derrière, et tous s'accordaient à trouver singulière la figure de ces étrangers.
Eux, trouvaient aussi bizarres ces Français curieux et railleurs, ils se le disaient probablement dans leur
jargon, et s'ils ne se le disaient pas, les yeux de la jeune femme et son ironique sourire parlaient assez.
Aux portes, il y avait un poste de soldats et un receveur de gabelle qui examinait chaque passant avec plus
d'attention qu'il n'en eût fallu pour l'exercice des droits de péage.
La tournure des nouveaux venus frappa cet homme; il arrêta les deux étrangers qui hâtaient le pas de leurs
montures, sans doute pour arriver plus vite au feu et au gîte.
 Holà! dit-il, comme nous sommes pressés! Examinons ces valises.
Et sur son geste plusieurs soldats prirent à la bride le cheval et la mule.
 Siamo forestieri! cria la jeune femme en se montrant avec impatience.
 Oh! oh! des Espagnols! dit le percepteur qui prenait pour de l'espagnol ce pur italien.
IX. A PROPOS D'UNE ÉGRATIGNURE 80
La belle Gabrielle, vol. 2
 Des Espagnols! répétèrent autour de lui les soldats, que l'habitude de la guerre disposait mal en faveur de
leurs ennemis ordinaires.
On visita les valises, qui ne renfermaient rien de suspect. Beaucoup de gens s'attroupaient. Les prétendus
Espagnols dialoguaient entre eux avec vivacité, sans pouvoir réunir deux mots de français pour les jeter en
réponse aux questions du percepteur.
Pendant ce débat, la femme, plus irritable, avait découvert entièrement son visage, qui était, comme nous
l'avons dit, régulier, fin et fortement empreint du type méridional.
La malice de ses yeux, la mobilité de sa physionomie, le jeu de ses lèvres, qui laissèrent voir une double
rangée de dents magnifiques, ne satisfirent pas le commissaire-percepteur, qui répéta plus opiniâtrement:
 Espagnols! Espagnols! vos papiers!
L'attitude du compagnon de la dame était, pendant toute cette scène, incroyablement calme, imperturbable. Il
ne se donnait pas la peine de remuer. Était-ce un effet de la terreur? On a vu souvent les poltrons ou les
mauvaises consciences user de l'immobilité comme d'une ressource. Était-ce seulement inintelligence de ce
qui se passait? Mais en attendant, il restait roulé dans son manteau, qui lui partageait verticalement en deux le
visage, et ne semblait vivre que par un seul oeil, dont la prunelle roulait rapidement de l'un à l'autre des
assistants, après qu'elle avait d'abord interrogé l'expression du visage de sa jeune femme.
Tout à coup le percepteur parla bas au chef des soldats, et celui-ci s'écria:
 C'est vrai qu'il cache son oeil.
 Découvrez votre oeil, dit le percepteur à l'Italien, qui ne comprenait pas.
 Il fait semblant de ne pas comprendre, murmurèrent les assistants.
 Votre oeil, votre oeil! répétèrent vingt voix impatientes.
L'Italien étourdi regardait sa compagne et ne bougeait pas. Aussitôt le chef du poste, par un mouvement
brusque, déroula les plis du manteau qui cachait la tête de l'inconnu, dont le visage apparut à son tour. Il était [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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