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Chez Mme Dabrovine, ou Romane trouva le general, il raconta, encore tout emu, l'apostrophe des petits
Papofski; et, lorsque le general et Mme Dabrovine lui dirent qu'il avait tort de s'effrayer de propos d'enfants,
son agitation redoubla.
Romane:  Cher comte, chere madame, ces enfants n'etaient que l'echo de leur mere; je le voyais a leur
maniere de dire, a leur insistance grossiere et malicieuse. Ce n'est pas moi seul qui suis en jeu; ce serait vous,
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Le General Dourakine
mes bienfaiteurs, mes amis les plus chers, vos fils, votre fille, si bonne et si charmante; tous vous seriez
enveloppes dans la denonciation; car, vous savez... elle l'a dit... elle nous fera tous enfermer, juger, envoyer
aux mines, en Siberie! Oh!... la Siberie!... quel enfer!... Quelle terreur de songer que, pour moi, a cause de
moi, vous y seriez tous!... Je me sens devenir fou a cette pensee... Vous... le general... Natasha!... Oh! mon
Dieu! pitie! pitie!... sauvez-les!... Prenez-moi seul!... Que seul je souffre pour tous ces etres si chers!...
Romane tomba a genoux, la tete dans ses mains. Le general etait consterne; Mme Dabrovine pleurait; Derigny
etait emu. Il s'approcha de Romane.
 Courage, lui dit-il, rien n'est perdu. Le danger n'existe pas depuis que le general donne, par son depart
volontaire, la gestion de toute sa fortune a Mme Papofski. L'interet qui guide ses actions doit arreter toute
denonciation. Les biens seraient mis sous sequestre; Mme Papofski n'en jouirait pas, et elle n'aurait que
l'odieux de son crime, dont l'Etat seul profiterait.
 C'est vrai... Oui... C'est vrai... dit Romane s'eveillant comme d'un songe. J'etais fou! Le danger m'avait ote
la raison! Pardonnez-moi, tres chers amis, les terreurs que j'ai fait naitre en m'y livrant moi-meme...
Pardonnez. Et vous, mon cher Derigny, recevez tous mes remerciements; je vous suis sincerement
reconnaissant.
Romane lui serra fortement les deux mains.
 Redoublons de prudence, ajouta-t-il. Encore quelques jours, et nous sommes tous sauves. Au revoir, cher
comte; je retourne a mon poste, que j'ai deserte, et si les Papofski recommencent, j'abonderai dans la pensee
de Natasha, qui croyait que j'etais en colere et que c'etait par haine des Polonais que je m'agitais.
Il sortit en souriant, laissant ses amis calmes et rassures. Quand il rentra, il trouva tous les enfants groupes
autour de Natasha, qui leur parlait avec une grande vivacite. Il s'arreta un instant pour considerer ce groupe
compose de physionomies si diverses. Quand Natasha l'apercut, il souriait.
 Ah! vous voila, monsieur Jackson? Et vous n'etes plus fache, je le vois bien. Mes cousins, voyez, M. Jackson
vous pardonne; mais ne recommencez pas; pensez a ce que je vous ai dit... Et vous, dit-elle en s'approchant de
M. Jackson d'un air suppliant et doux, ne detestez pas les pauvres Polonais (Jackson tressaille). Je vous en
prie... mon cher monsieur Jackson!... Ils sont si malheureux! On ne leur laisse ni patrie, ni famille, ni meme
leur sainte religion! Comment ne pas les plaindre et ne pas les aimer?... N'est-ce pas que vous tacherez de...
de... les aimer..., pour ne pas etre trop cruel.
M. Jackson la regardait sans lui repondre; son ame polonaise tressaillait de joie.
Natasha:  Mais parlez, repondez-moi! c'est donc bien difficile, bien terrible d'avoir pitie de ceux qui
souffrent, qu'on arrache a leurs familles, qu'on enleve a leurs parents, qu'on envoie en Siberie?
 Assez, assez! dit Jackson de plus en plus trouble. J'ai pitie de ces infortunes... Si vous saviez!... Mais assez,
plus un mot! Je vous en conjure.
Natasha:  Bien, nous n'en parlerons plus... avec vous, car j'en cause souvent avec maman. Je suis bien aise de
vous avoir enfin attendri sur... Pardon, je me sauve pour ne pas recommencer.
Et Natasha, riante et legere, s'echappa en courant et vint raconter ses succes a sa mere et a son oncle.
 Je l'ai converti, maman; il a enfin pitie de ces pauvres Polonais. Il me l'a dit, mais il ne veut pas qu'on en
parle; c'est singulier qu'un homme si bon deteste des gens si malheureux et si courageux?
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Le General Dourakine
 Natasha, dit le general, qui riait et se frottait les mains, sais-tu que nous partons dans huit ou dix jours?
Natasha:  Tant mieux, mon oncle; nous serons tous contents de nous en aller a cause de maman. Et puis...
Natasha rougit et se tut.
Le general:  Et puis quoi? De qui as-tu peur ici? Acheve ta pensee, Natashineka.
Natasha:  Mon oncle,... c'est que c'est mal d'etre enchantee de quitter ma tante et mes cousins?
Le general:  Et pourquoi es-tu enchantee de les quitter?. Parle sans crainte, Natasha; dis-nous toute la
verite.
Natasha:  Eh bien, mon oncle, puisque vous voulez le savoir, c'est parce que ma tante est mechante pour mes
freres, qu'elle appelle des anes et des pauvrards; pour Jacques et Paul, qu'elle gronde sans cesse, qu'elle
appelle des petits laquais, qu'elle menace de faire fouetter; pour ce bon M. Jackson, dont elle se moque, qu'elle
oblige a porter son chale, son chapeau, qu'elle traite comme un domestique; tout cela me fait de la peine, parce
que je vois bien que M. Jackson n'est pas habitue a etre traite ainsi; les pauvres petits Derigny pleurent
souvent, surtout Paul. Quant a mes cousins, ils taquinent mes freres, tourmentent Jacques et Paul, et disent des [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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